Cercle Zetetique

La roue d'Egely mesure-t-elle l'énergie vitale ?

Dossier réalisé par Patrick Berger avec la collaboration de Denis Biette
Photos Florent Martin

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La roue d’Egely (du nom de son inventeur, l’ingénieur hongrois Gyorgy Egely) est censée être le premier appareil de mesure de « l’énergie vitale » de l’être humain.

En entourant la roue avec sa main, elle se met à tourner mystérieusement, comme si une énergie lui était transmise depuis le corps humain. Le dispositif électronique sur lequel la roue est posée indique alors la vitesse de rotation de cette dernière. On obtient ainsi une valeur physique et objective de ce qu’Egely appelle le quotient de vitalité ou Q.V.

Pour preuve du bien fondé du concept « d’énergie vitale », Egely affirme que la mise en mouvement de la roue ne peut être due à des mécanismes physiques connus. Qu’en est-il réellement ?

Des physiciens hongrois et un membre de la Society for Psychical Research se sont intéressés de près à ce qui met la roue en mouvement. Le présent dossier comprend, en annexe, les traductions des articles faisant état des résultats de leurs travaux ainsi que leurs échanges avec Gyorgy Egely.

De son côté le Cercle zététique a mené ses propres expériences…

La roue d’Egely est un système breveté, lauréat de nombreux salons internationaux des inventions. En tant que « premier et unique appareil de mesure de la vitalité », cet objet est vendu par correspondance dans un grand nombre de pays. Son prix varie entre 100 et 300 euros.

Sur son site internet le fournisseur français présente cet « appareil de mesure révolutionnaire » sous le nom de « vitalomètre ». Ce texte publicitaire est la traduction française du site hongrois originel. Depuis sa création, ce site a été traduit dans une dizaine de langues, et assure ainsi une diffusion internationale au produit.

Strip-tease de la roue

L’objet a donc intrigué les sceptiques et les mordus du paranormal dans de nombreux pays. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la mise en mouvement de la roue. Certains supposent l’existence d’un système actif alimenté par une pile (voir Annexe A), d’un détecteur de chaleur et/ou d’humidité, etc. Seul l’ouverture du dispositif peut en dire d’avantage. Voici donc un démontage en images de la fameuse roue d’Egely.

  1. Interrupteur on/off
  2. Deux rangées de diodes lumineuses indiquant la vitesse de rotation de la roue en tour par minutes (tr/min). La vitesse de rotation standard (marqué 100%) est de 6tr/min.
  3. Boîtier plastique qui, une fois clippé, bloque tout mouvement de rotation de la roue.
  4. Roue en plastique métallisé de 7cm de diamètre pesant moins d’un quart de gramme (0,24g) !
  5. Cœur de la roue en aluminium pesant environ un quart de gramme et servant de point pivot à la roue.
  6. Pile 9V alimentant le dispositif électronique.
  7. Compteur numérique.
  8. Buzzer produisant les différents bips sonores en fonction de la vitesse de la roue.
  9. Pinocchio
  10. Soudures des diodes reliées à la sortie du compteur.
  11. Diode photoémettrice (a) et photorécepteur (b) que traversent les dents de la roue. Ce dispositif est en entrée du compteur qui reçoit des signaux binaires : 1 quand le faisceau lumineux passe (entre deux dents) et 0 quand il ne passe pas (face à une dent).

Ce « strip-tease » de l’objet nous montre qu’il s’agit d’un simple tachymètre électronique (appareil de mesure de vitesse). C’est d’ailleurs ce qu’affirment les sites internet assurant la promotion de l’objet. Exit, donc, l’hypothèse d’un système d’entraînement interne. Un ingénieur électronicien du CNRS nous a confirmé que le dispositif sert bien à mesurer la vitesse de rotation de la roue en plastique à l’aide de composants électroniques standards et peu onéreux. Au prix de vente de l’engin et compte tenu des frais quasi nuls de diffusion (frais de ports à la charge du client), l’affaire semble très rentable…

Quelle force fait tourner la roue ?

Un sympathisant du Cercle zététique nous a laissé sa roue pour l’étudier. Nous avons donc pu, objet en main, procéder à quelques expériences simples. D’après les promoteurs du « vitalomètre », « des expériences de contrôle poussées ont prouvé que la rotation de la roue pendant la mesure n’est pas due à la chaleur, ni à la convection, ou à l’énergie électromagnétique. » Vérification…

Premier constat : la roue est très sensible aux mouvements d’air légers qui ont lieu dans un environnement normal. Fermer une porte à quelques mètres suffit à la faire tourner. Et le souffle bien dirigé d’une respiration calme suffit pour obtenir un Q.V. proche de 200%. Pour mener à bien des expériences de contrôle il faut donc limiter au maximum tout mouvement de convection ou de déplacement de l’air environnant.

Le moyen le plus simple d’y parvenir consiste recouvrir la roue d’un matériau transparent. Un promoteur anglophone de l’objet dit d’ailleurs avoir mené l’expérience. À la rubrique « A few answers for skeptics » (quelques réponses aux sceptiques), on peut lire :

We thought the rotation must be due to air currents in the room. So we built a glass box to cover the unit with special holes in each side to insert your hands. We then taped around the holes to seal off all outside currents. We were still able to make the wheel turn. »

(Nous avons pensé que la rotation devait être causée par des courants d’air dans la pièce. Pour couvrir le dispositif, nous avons donc réalisé une boîte en verre munie de trous spéciaux de chaque côté pour faire passer les mains. Nous avons ensuite scotché du sparadrap autour des trous afin d’empêcher l’entrée de tout courant d’air extérieur. Nous étions toujours capables de faire tourner la roue)

Cette expérience peut être aisément reproduite par tout possesseur de la roue muni d’un saladier en verre. Ce saladier doit être assez grand pour y faire tenir une main et la roue. Mais il doit aussi être suffisamment peu volumineux afin de limiter les mouvements de convection interne. Nous avons réalisé cette expérience nous-même à de nombreuses reprises, à différents moments de la journée et avec des protagonistes différents. Résultat ? Aucun mouvement perceptible de la roue ! (Sauf à bouger la main sous le saladier, mais peut-être est-ce là le « truc » des promoteurs de l’objet. En jouant sur les mots, ils étaient, en effet, « toujours capables de faire tourner la roue »…)

Une autre expérience simple peut-être menée à l’aide du matériel accompagnant la roue. Le couvercle plastique de protection (voir 3 dans la légende du démontage de la roue) bloque la roue lorsqu’il est clippé mais la laisse entièrement libre s’il est juste posé dessus. Expérience faite, la roue reste entièrement immobile. Ou bien celle-ci tourne sous l’effet des déplacements d’air, ou bien le plastique est imperméable à l’énergie vitale. L’expérience du saladier permet de privilégier la première hypothèse. (Voir pour complément l’article de Vassy Zoltan en Annexe B).

Reprenons alors et corrigeons en conséquence l’assertion des promoteurs :

« Des expériences de contrôle » simples « ont prouvé que la rotation de la roue pendant la mesure » ne peut avoir lieu en l’absence de mouvements d’air.

Deux questions subsistent. Comment la main peut-elle mettre l’air en mouvement alors qu’elle est immobile ? Et pourquoi ce mouvement crée-t-il une rotation ?

Les articles de Vassy Zoltan et John Rudkin (voir Annexe B et Annexe C) apportent une réponse claire :

La chaleur de la main, sa forme et sa position engendre une convection thermique et une recirculation de l’air devant la paume (phénomènes bien connus en mécanique des fluides).

La répartition de chaleur de la main dépend certes de facteurs physiologiques (comme la circulation sanguine) que la roue pourrait, en théorie, « mesurer ». Mais l’effet de convection dépend aussi de la température de la pièce, des mouvements d’air résiduels, de l’activité musculaire passée de la main, etc. Difficile dès lors de voir la roue d’Egely comme un instrument de mesure fiable. Et impossible, sans autre preuve, de considérer que cet objet met en évidence une « énergie vitale » inconnue de la science actuelle.

Voilà comment, quelques expériences et recherches bibliographiques plus tard, la roue d’Egely n’est plus qu’une petite girouette sophistiquée. Mais, et c’est le propre des girouettes, elle continuera sans doute à servir de tremplin aux théories les plus fumeuses pour tous les pigeons qui passeront à sa portée.

PB


Annexe A

Extrait d’un forum de discussion finnois

Message 9390 (18.02.1999) de Sami Nurmisto

Traduction A. Kavlan

Un ami, il y a quelques années, fit un essai et provoqua la réaction d’un appareil électrique aux mouvements de la main, même à une distance de plusieurs mètres. Il m’expliqua le fonctionnement de l’appareil, qui serait très facile à construire.

Je ferai moi-même l’expérience sur le réseau, et chacun pourra la voir. Je regrette seulement de ne pas y avoir pensé plus tôt. L’expérience est éprouvée, elle fonctionne et fonctionnera.

La connection se base sur l’assemblage de plusieurs transistors selon le système Darlington. Quand 5 transistors ordinaires NPN sont connectés de cette manière, un « transistor » apparaîtra, qui fonctionnera comme un transistor multipliant le courant par 100 milliards.

Le collecteur de Darlington est alimenté par une pile plate horlogère (on peut supposer qu’elle est aussi caché dans la roue d’ Egely, pourquoi pas ?), et il produit le courant suffisant pour allumer un LED ou faire tourner un anneau métallique extrêmement léger. Dans un angle de l’appareil un fil conducteur sera connecté à la base du Darlington, et le pôle positif de la pile sera connecté à l’autre angle.

Quand vous approcherez votre main, la lampe LED s’allumera (ou l’anneau métallique se mettra en rotation), car l’humidité diminuera la résistance de l’air, de telle manière qu’il laissera passer le courant extrêmement petit d’un billionième d’ampère à la base de Darlington. On pourrait faire 2 connections de ce type dans l’appareil, et le plus fort (celui, chez qui l’humidité est plus grande) déciderait, dans quelle direction l’anneau tournera.

Un de mes amis a « dopé » l’appareil, à tel point qu’il réagit instantanément, quand une personne s’en approche à un mètre. Si on règle soigneusement le Darlington, on peut le faire réagir à une distance d’environ 10 cm. La rotation de l’anneau - ou roue – dépend de l’humidité de la main et de l’air. Le plus important facteur n’est pas la variabilité de la capacité mais la diminution de la résistance entre les 2 conducteurs, qui sont éloignés l’un de l’autre. La résistance normale de l’air peut être évaluée à quelques centaines de milliers de tera-ohms.

On peut estimer que la main humide diminue cette résistance à quelques milliers de giga-ohms, à tel point que le billionième d’ampère peut circuler dans l’air. La roue Egely doit posséder une certaine intelligence. Si on approche trop un objet conducteur, l’anneau/anneau ne tournera pas, le sens de rotation obéit à une logique rusée…Simplement pour que le fonctionnement de l’appareil soit plus difficile à comprendre. Donc, quelques piles plates cachées dans l’appareil pourrons certainement fournir le courant à la roue d’Egely pendant des années. Si l’anneau/roue ne pèse que quelques grammes (et si le frottement de son axe dans son palier est réduit au maximum) elle n’a à peine plus besoin de courant qu’une montre, et même si elle en exigeait plus, la roue d Egely est utilisée beaucoup moins souvent qu’une montre (qui fonctionne constamment). Ne vous étonnez pas, si votre roue d’Egely, qui vous a coûté 119 euros, cesse de fonctionner au delà de 10 ans. Votre force vitale n’a pas pour autant disparu.

Vous pouvez cacher une pile dans une partie plastique moulée. Les piles peuvent être facilement rechargeable, par exemple à l’aide de piles visibles si on en trouve de ce type.

Achetez pour moi une roue de Egely et je la démonterai et regarderai si ma théorie est juste.


Annexe B

Les parajfâlà (*) et la roue d'Egely

Paru dans Élet es Tudomàny (**) 2, 17 Avril 1998
Par Zoltàn Vassy


Photos supplémentaires fournies par l’auteur
Traduction, Laboratoire de Zététique (Université de Nice)

(*) Mot à mot : dévoreurs (falô) de mauvaises herbes (paraj)

Jeu de mot intraduisible sur « para ». C'est le nom du Club auquel appartient l'auteur.

(**) Vie et Science

D'après le prospectus qu'on peut lire sur Internet au sujet du vitalomètre d'Egely (voir http://ww.ambro.hu/borze/egely/index.htm), « cet appareil pour la mesure de la bioénergie et de la capacité de concentration et psychique, a obtenu plusieurs prix internationaux d'encouragement

« La bioénergie ou l'énergie vitale, qui sont le « carburant » de l'instrument... sont connues depuis longtemps dans de nombreuses cultures de la Terre, mais leur physique, leur origine, sont à ce jour pratiquement inconnues.

« La partie sensible du dispositif est une sorte de roue spéciale, qui se met en mouvement sous l'influence de l'énergie qui se dégage d'une main placée à proximité... Il n'existe pas encore d'explication des processus qui entrent en jeu pendant la mesure, mais les séries d'expériences de contrôle prouvent que la rotation de la roue n'est pas due à des effets connus (comme par exemple flux de chaleur ou énergie électromagnétique). »

La construction et la commercialisation de l'appareil sont assurées par la société Egely, et on peut l'obtenir au service clientèle d'Aquapol, dans les magasins Eletviz (Eau et vie), dans le magazine Ufo, et dans les boutiques Edesviz (Eau douce) et Paradigma. Son prix est de 9950 Ft.

Au Club des paraj'faiô nous avons effectué quelques expériences avec la roue d'Egely. Les notions de « bioénergie », « d'énergie vitale » et de « vitalité » n'apparaissent nulle part dans nos connaissances en physique ou en biologie, et on ne sait pas les mesurer ; donc nous ne nous intéressons pas à la question de savoir si l'appareil mesure réellement la « bioénergie ». Ceci est une question subjective, qui dépend de ce qu'on entend par « bîoénergie ». Les remarques des promoteurs de l'appareil, qui disent que la rotation de la roue a des causes physiques inconnues, nous ont poussé à nous intéresser justement à ce mécanisme physique qui fait tourner la roue. Si nous ne pouvons pas expliquer physiquement l'apparition d'un mouvement, alors naturellement cela prend une odeur de phénomène PARAnormal ; en outre les promoteurs du vitalomètre relient cette « bioénergie » inconnue et son utilisation, à la technique chinoise du Tchi-Kung, au contrôle de l'esprit, aux zones nuisibles de rayonnement terrestre, à l'organisation de l'eau, bref à des notions typiquement New Age, d'où nous pouvons aussi déduire qu'il s'agit d'un phénomène paranormal.

I. Description succincte du phénomène

(eg04.gif)

D'habitude on fait tourner la roue avec une seule main, mais on peut aussi essayer avec les deux mains, un peu comme cela (voir photo). On place la paume recourbée de la main à côté de la roue, comme pour « 1’embrasser ». La paume doit être le plus près possible de la roue, bien sûr sans la toucher. Alors la plupart du temps la roue commence à tourner. En général dans la direction des doigts, mais il y a des exceptions. La rotation est rarement uniforme ; la vitesse change constamment, quelquefois elle s'arrête, parfois même elle change momentanément de sens. Certains ressentent un lien entre leur capacité instantanée à faire tourner la roue et leur état physique ou psychique, selon d'autres au contraire la vitesse moyenne de rotation est totalement aléatoire, d'autres encore ont l'impression qu'avec de longs exercices on peut régler la vitesse par notre volonté. (Gyôrgy Egely : « La vitesse de rotation dépend fortement de notre forme, de notre capacité à nous concentrer, et elle montre toujours notre état instantané. ») Les deux mains donnent pratiquement toujours des résultats différents.

II. Expériences simples


Que faisons-nous tourner ? Directement la roue, ou l'air autour d'elle ?

Si on ferme le couvercle, la roue ne tourne pas. Egely lui-même a constaté il y a plusieurs années, que de l'extérieur, on ne peut pas faire tourner la roue placée dans un endroit fermé. (Par exemple si l'appareil est enfermé dans sa boite en plastique). Il en a conclu que la bioénergie inconnue ne traverse pas les corps solides. Mais puisque le fait d'enfermer arrête aussi la circulation de l'air, la question est de savoir si la main ne fait pas bouger l'air directement, et ensuite l'air entraîne la roue. Bien entendu nous avons aussi testé l'enfermement, et nous avons constaté qu'aucun d'entre nous n'est arrivé à faire tourner la roue de cette manière.

Nous avons ensuite enfermé la main et la roue dans une enceinte fermée; un sac en polyéthylène transparent. La même expérience a été décrite avec plusieurs variantes par Erno sur Internet (zalkae@rs3.szif.hu). Nous avons toujours obtenu les mêmes résultats que lui, à savoir que si le sac est bien fermé - ou plutôt s'il est bien serré autour du poignet de l'expérimentateur - alors la roue ne tourne pas, ou du moins sa rotation tend vers zéro ; quelquefois elle oscille un peu à droite et à gauche, mais elle fait cela même sans la main. Ce résultat est assez surprenant si on part de l'hypothèse de la bioénergie; car ici il n'y a aucun obstacle entre la main et la roue. Si l'on croit à cette hypothèse, il semble qu'en raison de l'enfermement, la bioénergie soit n'arrive pas à sortir de la main, soit si elle en sort elle ne fait pas tourner la roue. Dans les deux cas, la conclusion de l'expérience est que pour tourner, la roue a besoin d'une circulation d'air autour d'elle. Lorsque nous avons recouvert la roue et la main d'une feuille de papier, là aussi la rotation a été visiblement inhibée. En soulevant peu à peu la feuille de plus en plus haut, le pouvoir rotatoire de la main a à nouveau atteint graduellement sa valeur initiale. L'explication la plus simple à notre avis, est que l'apparition de la rotation exige avant tout une circulation d'air vers le haut. Naturellement ceci ne nous dit pas encore ce qui cause réellement la rotation.

Nous avons matérialisé la circulation de l'air au voisinage de la main, en faisant brûler un bâtonnet de fumigène dans un boîte fermée en haut et percée d'un petit trou par où la fumée pouvait sortir. Nous avons observé ce qui suit :

Lorsqu'il n'y a pas de courant d'air dans la pièce, la fumée sort verticalement suivant une colonne très mince. En plaçant la paume de la main recourbée autour de cette colonne - dans la même position que pour la roue - la fumée rentre immédiatement vers la surface de la paume, elle la longe vers le haut, et environ au milieu de la paume elle commence à tourbillonner. Le tourbillon est le plus souvent dirigé vers l'extrémité des doigts, mais l'inverse est aussi fréquent, et en général le mouvement est assez chaotique. Bien entendu il faut veiller à ce qu'il n'y ait pas d'autre courant d'air dans la pièce, car la fumée est si sensible qu'elle réagit aux mouvements les plus imperceptibles de l'air. Si nous plaçons, à côté de la fumée, en même temps que la main, une roue d'Egely, nous voyons bien que le sens de rotation de la roue correspond toujours à la direction instantanée de la circulation de l'air. Pour cette raison, à notre avis, on n'a pas besoin de l'hypothèse que la main agit sur la roue par l'intermédiaire d'une force quelconque : très vraisemblablement, quelle que soit l'énergie qui se dégage de la main, cette énergie induit dans l'air une circulation, et c'est cette circulation qui met la roue en mouvement.

Mouvement en spiral de l’air (absence de roue)

Le même mouvement d’air est observé en présence de la roue

III. Comment la main fait-elle tourner l'air ?

Parmi les effets physiques qui pourraient intervenir dans la rotation de la roue, on pense plutôt à l'effet de la chaleur ou à l'effet électrostatique. On pense à ce dernier parce que par expérience on sait que la main peut spontanément se charger d'électricité statique. Lorsque c'est le cas, on ressent une décharge en approchant une poignée métallique ou un robinet d'eau. Mais on peut rapidement montrer que cet effet peu probablement être éliminé ici, pour trois raisons : d'abord on imagine difficilement que des lignes de forces radiales puissent faire tourner une roue à symétrie circulaire ; deuxièmement la force électrostatique agirait non pas sur l'air, mais sur la roue, et l'enfermement ne l'entraverait pas ; et enfin lorsqu'on rajoute des charges électriques sur la roue ou sur sa boîte en plastique, alors la roue et sa boîte restent immédiatement collées ensemble en un certain point en raison de la répartition des forces attractives, donc les charges, non seulement ne peuvent pas causer le mouvement, mais arrêtent carrément ce mouvement.

Et l'effet de la chaleur ? Ici la situation est plus prometteuse. La fumée au voisinage de la paume se courbe bien visiblement jusqu'à la surface de la peau, manifestement parce que la paume est plus chaude que l'air environnant, donc à son contact l'air se réchauffe, donc s'élève par convection, et cela induit un effet d'aspiration latérale sur le bas de la paume. (C'est le même phénomène qui se passe lorsqu'un poêle allumé ou une cheminée aspirent constamment de l'air frais par leur ouverture d'aération). Si la surface de la paume était homogène; et si la répartition de température y était uniforme, alors il ne faudrait pas s'attendre à voir apparaître des tourbillons dans la circulation de l'air ; mais du fait que la répartition de température n'est pas uniforme, l'air s'élève plus vite au contact des zones plus chaudes; ce qui donne naissance aux tourbillons latéraux.

À l'aide d'un thermomètre à contact, nous avons mesuré la température de notre paume en plusieurs points. Le point le plus chaud était le centre de la paume, les plus froids les bouts des doigts, ailleurs entre les deux. Certains points particuliers variaient légèrement, et la différence entre les deux températures extrêmes était d'environ de 2° C. Il est apparu que le mouvement de la fumée reflète tout à fait les variations de température. Pour vérifier cela nous avons fabriqué une « fausse main » très simple, pour voir si les différences de température typiques de la paume sont capables de créer les tourbillons.

Cette main artificielle est une feuille en forme de tuile de 13 cm sur 20 environ ; elle est incurvée en demi-cercle, en partie recouverte d'une feuille d'aluminium peinte en noir, et nous l'éclairions avec une banale lampe de bureau. Sous l'effet de l'éclairage, la partie noire se réchauffe plus que la blanche (avec notre lampe, différence de l°C maximum, que nous avons mesuré également avec le thermomètre à contact). Nous n'avons pas pu obtenir une plus grande différence, car en éclairant plus longtemps, la chaleur passe au travers du métal vers la partie la plus froide, ce qui a tendance à égaliser sans cesse la température, autrement dit, dans ces conditions la tuile entière se réchauffe. L'effet de ce 1°C de différence, nous l'avons mis en évidence avec la fumée. L'écoulement a montré la même allure qu'autour de la paume, y compris les remous chaotiques et les changements de direction périodiques.

Roue en mouvement une fois mise en présence de main artificielle chauffée de façon non uniforme.

L'idée de la « fausse main » éclairée n'est pas de nous, c'est Làszlô Jàmbor, collègue de travail chez ITT qui l'a eue il y a quelques années. Lorsque nous avons placé notre main artificielle près de la roue d'Egely, comme nous le faisions avec notre paume, la roue s'est également mise à tourner. Comme on pouvait le prévoir par le mouvement de la fumée, la vitesse de rotation changeait sans arrêt, tout comme avec la paume. La vitesse maximale n'a en général pas dépassé deux tours par minute, donc en comparaison avec celle des hommes, la "vitalité" de notre fausse main est tout à fait honorable. Si l'hypothèse thermique est exacte, les variations de vitesse proviennent sans doute, en partie, que dans les vaisseaux capillaires la circulation du sang n'est pas toujours uniforme, de sorte que la température locale change elle aussi. Puisque les processus physiologiques influent sur la circulation sanguine, et que ces processus sont générés psychiquement (ceci a été montré en mesurant le débit de sang dans les veines du doigt lors d'expériences psychologiques), il ne serait pas étonnant de trouver une certaine corrélation entre la vitesse de rotation et un état psychique ou certaines pensées.

IV. Arguments contre l'hypothèse de la circulation thermique.

Nous avions déjà remarqué qu'on pouvait faire tourner la roue avec des mains gantées aussi. À première vue ceci contredit l'hypothèse précédente, car il est peu probable qu'à la surface du gant la répartition des températures soit la même que sur la paume. Mais en mesurant la température en plusieurs points du gant à l'aide d'un thermomètre à contact, il apparaît contre toute attente, que la répartition a exactement la même forme que pour la paume. Par exemple entre le creux de la paume et les doigts, il y a de grandes différences, même avec des gants en fourrure, et même avec des gants de pompiers en amiante. Sous l'influence de notre main artificielle, la roue n'a jamais atteint la valeur moyenne de la vitesse obtenue par un homme. On peut donc imaginer, que bien que la chaleur de la paume participe à la rotation, chez les hommes il y a quelque chose d'autre qui joue également un rôle. Si c'est le cas, cette « autre chose » peut aussi bien être cette bioénergie inconnue. Naturellement, sur la base de nos expériences nous ne pouvons pas écarter cette hypothèse. En général on ne peut écarter un effet inconnu en reconnaissant l'existence, ou même la probabilité, d'un mécanisme connu. De toutes façons il faut tenir compte que notre main artificielle ressemble d'assez loin à une vraie main humaine, et donc que l'on ne peut pas en attendre une reproduction fidèle des effets originaux. D'autant moins, que la roue a déjà été essayée par de nombreuses personnes, avec des mains très différentes ; une main artificielle unique n'est pas, a priori, appropriée pour être comparée à toute cette diversité. Même si l'effet de base et les propriétés communes à toutes les expériences humaines se retrouvent avec la main artificielle. Nous avons donc seulement montré, qu'une feuille recourbée, portée à une température inhomogène, est capable d'actionner la roue rien qu'avec sa chaleur, avec une vitesse variable, d'une manière analogue à une main humaine.

V. Et après ?

Compte tenu de tout ceci, nous pensons qu'on peut tirer trois types de conclusions, qui dépendent du choix d'un axiome de départ.

1 - Axiome « conservateur »

Pour expliquer un phénomène donné, on n'invoque une cause inconnue, que si toutes les causes connues ont pu être manifestement écartées. Selon cet axiome, nous n'acceptons pas la bioénergie inconnue pour expliquer la rotation de la roue d'Egely, puisque nos expériences ne réfutent pas l'hypothèse thermique. La rotation de la roue ne possède aucune propriété qui ne puisse s'expliquer qualitativement par la seule répartition des températures. De ce point de vue il n'est pas décisif de parler de résultats quantitatifs, en particulier parce que pour ceux-là, l'hypothèse de la bioénergie ne donne pas d'explications concrètes.

2 - Axiome « révolutionnaire »

Pour expliquer un phénomène donné, on invoque une cause inconnue, jusqu'à ce qu'on trouve une cause connue permettant d'expliquer précisément le phénomène. Selon cet axiome, la cause de la rotation de la roue d'Egely est inconnue, puisque d'une part toutes les hypothèses que nous avons étudiées n'ont pas expliqué précisément toutes les oscillations de la roue, d'autre part notre main artificielle n'a pas pu atteindre la même intensité d'effet que la main humaine. Puisque le mouvement est sans aucun doute créé par la main, il est logique de supposer l'existence d'une espèce d'énergie, d'origine biologique, de la même manière qu'Egely a introduit sa « bioénergie » inconnue.

3 - Axiome « ouvert »

Nous ne décidons pas, tant que nous avons la possibilité d'acquérir des informations plus précises par des analyses plus poussées du phénomène. Selon cet axiome, le mécanisme physique de la rotation de la roue d'Egely doit continuer à être étudié. Puisque l'hypothèse thermique explique qualitativement le phénomène, il est probable qu'elle pourra aussi fournir une explication quantitative ; c'est pourquoi il serait intéressant de continuer l'expérimentation dans ce sens, par exemple en construisant une main artificielle qu'on pourrait chauffer en chaque point à la même température qu'une main humaine. Nous n'avons peut-être pas besoin d'expliquer que c'est la troisième version qui convient à la mentalité du parajfalo - parafagus mystitoxicus. Nous, c'est précisément pour cela que nous avons commencé à nous occuper des phénomènes paranormaux, car nous ne nous satisfaisions plus, ni des nouveaux phénomènes qu'on essaie éternellement de contester, ni des raisonnements mystiques qu'on imagine partout. Depuis la fondation de notre club, nous avons plusieurs fois remarqué qu'en raison de cet axiome « ouvert » il nous est très difficile de conclure de manière satisfaisante sur certains sujets. On se rend toujours compte qu'il faudrait faire encore quelques expériences supplémentaires sur le sujet ; bien entendu, dans la mesure de nos possibilités, car nous ne sommes pas un institut de recherche mais un club d'amateurs. C'est pourquoi nous ne pouvons pas promettre qu'un jour nous mettrons au point une main artificielle parfaite, qui par quelques réglages peut reproduire la rotation crée par n'importe qui. Ou bien au contraire, de trouver dans la rotation par l'homme, une propriété spécifique qui sans contestation possible, ne pourrait être expliquée par l'action de la chaleur. Par contre, en attendant, si quelqu'un veut en savoir plus sur la roue d'Egely, nous lui conseillons de faire ses propres expériences. Comme on peut le voir d'après ce qui précède, les nôtres sont assez simples, elles ne nécessitent pas d'appareillage compliqué ou onéreux.

Bien plus, on peut même construire à la maison une roue qui ressemble à une roue d'Egely du commerce ; au début nous avons commencé par ça. Il suffit simplement de découper un disque dans une feuille de carton, et de le suspendre à l'aide de deux bouts de fil, à un long fil d'au moins 1m (voir figure).

Cela représente en fin de compte un pendule de torsion, sensible à des forces réellement très faibles. Bien entendu il ne comporte pas de diodes luminescentes pour la mesure de la vitesse instantanée, mais ce que l'on peut bien voir avec nos yeux, c'est quand la roue tourne et de combien. Ensuite, il suffit d'avoir des idées et du bon sens.

(Ont participé à ce travail : Faragó Anita, Gombárszky Dénes, Gräff Zoltán, Király Levente, Pap Éva, Paulinyi Tamás, Puha Titusz, Rudó György, Takács Gyula, Vassy Zoltán.)


Annexe C

La roue d’Egely : un détecteur télékinétique ?
Par John Rudkin

Photo fournie par l’auteur
Traduction P. Berger


La roue d’Egely et d’autres volants

Qu’est ce que la roue d’Egely ?

C’est essentiellement un rotor en plastique métallisé de 70mm de diamètre, fin, très léger, présentant de nombreuses dents et qui est monté sur une pointe-pivot de faible frottement de telle sorte que le rotor peut aisément tourner dans le plan horizontal. Le dispositif accueillant la roue comporte un indicateur digital, alimenté par une pile, lequel indicateur est fait de deux rangées de diodes lumineuses indiquant la vitesse de rotation de la roue en tour par minutes (tr/min), peu importe le sens de rotation. Les vitesses de 1 à 5 tr/min sont indiquées par des diodes rouges, de 6 à 12 par des jaunes, de 13 à 24 par des vertes et chacune de ces gammes de vitesses est accompagnée d’un « bip » sonore différent. Les graduations 6, 12, 18 et 24 tr/min ont aussi pour légende différentes valeurs du quotient de vitalité (QV), respectivement 100%, 200%, 300% et 400% de QV. La roue est brevetée et elle a été commercialisée au niveau mondial pendant 7 années environ. Elle a aussi remporté les médailles de salons internationaux des inventions à Genève, Pittsburgh, Bruxelles, Pékin et Londres. Comme précisé dans le numéro 17 de Paranormal Review, Guy Lyon Playfair (qui m’a fait découvrir la roue) l’a présentée pour inspection lors de la 24ème conférence internationale de la Society for Psychical Research.

Que fait-elle ?

La roue tourne quand on l’entoure avec la main. Un livret d’accompagnement présente les allégations de l’inventeur, l’ingénieur hongrois Georges Egely, dont voici quelques extraits :

  • Des études précises et des expériences de contrôle approfondies ont indubitablement prouvé que le phénomène ne peut être dû à des effets magnétiques, électriques ou calorifiques.

  • La vitesse de rotation correspond au niveau d’énergie de chacun, à son énergie vitale, sa bioénergie, sa vitalité et son état d’esprit..

  • Le maximum de tr/min est atteint pour un état mental correspondant à cette marge étroite entre la relaxation complète et l’intense concentration comme l’est l’état méditatif.

  • La maladie, la fatigue, la nervosité, les fronts climatiques, le froid ou la canicule peuvent réduire le maximum atteignable de tr/min. Ecouter une musique agréable peut l’augmenter.

  • Des tests réalisés sur un millier de personnes donnent une valeur moyenne de 6 tr/min.

  • Peu de personnes peuvent utiliser la roue pour mesurer leur QV à distance.

  • Rares sont ceux qui peuvent faire tourner la roue dans les deux sens au gré de leur volonté, et encore plus rares sont ceux qui peuvent faire tourner deux roues dans un même sens préalablement choisi avec leurs deux mains séparément. Cette aptitude n’est observée qu’exceptionnellement et ne peut être atteinte qu’au prix de longs et intensifs exercices mentaux. Les gens qui ont cette potentialité et cette aptitude sont à même de déplacer leur propre énergie vitale et en principe sont à même de soigner les autres.

Mes observations

1. La roue est manifestement très sensible à l’électricité statique, à de très petits souffles et autres courants d’airs passagers tels ceux créés par des mouvements proches, par une convection thermique naturelle depuis les objets de température plus élevée que la température ambiante ou encore par toute expiration nasale ou buccale.

2. Quand elle est placée sur table nivelée dans des conditions d’absence apparente de courant d’air, je peux faire tourner la roue dans le sens des aiguilles d’une montre (vu de dessus) à une vitesse typique de 10 à 18 tr/min en installant à proximité du côté gauche de la roue un objet faisant environ la taille d’une main et de température plus élevée que la température ambiante. L’objet en question peut être animé ou inanimé, e.g. ma main (gauche ou droite, la paume tournée vers ou à l’opposé de la roue, le pouce levé ou non) ou un gant en caoutchouc contenant de l’eau à la température superficielle de ma paume (environ 35 degrés Celsius) ou encore une grande tasse remplie d’un breuvage bien chaud. La roue ne tourne pas si le contenu du gant ou de la tasse est à température ambiante.

3. Le sens de rotation est l’inverse de celui des aiguilles d’une montre si l’objet chaud est installé à droite de la roue

4. Il n’y a aucune rotation si les mains ou des objets similaires sont posés de façon symétrique de chaque côté de la roue en même temps. Cependant, la rotation se fait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre si la main droite est tendue alors que la main gauche est incurvée. Le positionnement des mains et les sens de rotation associés sont aisément réversibles

5. Bien que n’ayant jamais pratiqué d’exercices d’entraînement mental intensif, je peux faire tourner une roue dans une direction avec ma main gauche tout en en faisant tourner une seconde simultanément avec ma main droite dans le sens opposé.

6. La stabilité et la reproductibilité de la rotation peuvent être améliorées en protégeant la roue des courants d’air, e.g. en prenant un morceau de carton “en tôle ondulée” d’à peu près 150mm de hauteur (le long de l’ondulation), large de 150mm, que l’on plie en arc de cercle avant de le placer sur la table, devant la roue.

7. Tout comme le sont de petits morceaux de papier, la roue est attirée par un objet portant une charge électrostatique, e.g. le corps en plastique d’un stylo bille qui a été frotté vigoureusement sur ma manche. Cette atytraction arrête aisément une roue tournant librement Aucun de mes précédents résultats n’a été affecté quand je me suis relié à la terre via le fil de terre d’un câble 13 ampères planté dans un sol humide.

8. Le comportement de la roue n’a ni été affecté par la proximité d’un aimant permanent, ni par le placement d’une feuille d’aluminium sous mes mains et la roue.

9. La roue se comporte de la même façon que n’importe quel volant fait (e.g.) de papier, de feuille d’aluminium ou d’étain mis en équilibre sur une pointe. De tels volants peuvent être (e.g.) un carré, un rectangle ou un cercle découpé dans une feuille du matériau choisi et replié une ou plusieurs fois pour former un repli partant du centre, ou bien encore être un disque dentelé ou muni de palettes dessiné dans ledit matériau. Les investigations, menées avec deux roues d’Egely et dix volants différents “faits maison”, n’ont montrées aucunes différences significatives en dehors du fait que certains des volants étaient plus sensibles que les roues classiques.

10. Une volant plat, lisse et non muni de palettes ni de dents, ne tourne pas.

11. Un volant recouvert par un bol en verre ou une boîte en carton ne tourne pas.

12. Un volant ne tourne pas à l’intérieur d’un sac plastique que main y soit enfermée aussi ou pas.

13. Un volant qui a été posé sur un piédestal, loin de toute autre surface horizontale ne tourne pas.

14. Ni mon état de santé ni mon état mental n’a d’influence visible sur le comportement d’un volant.

15. Je n’ai pas trouvé la possibilité de mener les expériences sous vide ou à une température ambiante d’environ 35 degrés Celsius

Analyse

L’air ambiant adjacent à un objet de température plus élevée devient plus chaud et moins dense et ainsi s’élève (convection naturelle), étant alors remplacé par une arrivée d’air. Avec un volant sur la table, la direction de l’arrivée d’air est à peu près horizontale et à angle droit de l’objet chaud. Quand un courant d’air horizontal rencontre la dent ou la palette d’un volant, cela crée un couple mécanique sauf dans le cas improbable et transitoire d’une direction du courant des forces exactement symétriques et opposées. Dans mon expérimentation le sens de rotation observé est cohérent avec la direction prévisible du courant d’air engendré par convection thermique. Sous des conditions sensiblement identiques, les variations de comportement d’un volant à un autre (ou d’un moment à un autre avec un même volant) sont petites et raisonnablement attribuables à la sensibilité à l’influence de facteurs tels que de petites différences dans les températures, les courants d’air, les positions des objets, etc.

Conclusion

Le comportement que j’ai observé, pour la roue d’Egely et des volants similaires, est explicable en terme d’effets aérodynamiques thermiquement induits, tels que ceux décrits par Vivian Astridge quand il m’a écrit en réponse à ma requête d’éclaircissement qui est parue dans le numéro huit de Paranormal Review. Comme Vivian le souligna, cette explication est cohérente avec l’analyse publiée par Yakov Perelman dans Oh, la physique! (MIR Moscou 1936 in Russian ; édité en France par les éditions Dunod en 2000), livre dans lequel une référence est faite à une communication à l’adresses de la Société Médicale de Moscou par N. P. Nechayev en 1876, intitulée « La giration de corps légers engendrée par la chaleur de la main ».

La réponse de l’inventeur

Il a été demandé à Georges Egely par email « Comment avez-vous annulé les effets aérodynamiques qui font tourner la roue ? »

La réponse, avec mes commentaires, fut la suivante :

1. « L’expérience fonctionnera avec des gants sur les mains »

Quand les effets aérodynamiques ont été éliminés ? Je ne peux pas faire tourner la roue avec une main qui est parfaitement isolée thermiquement. A une température ambiante de 21,4 degrés C et à une température de paume de 34,7 degrés, la température d’un gant isolant 3M Thinsulate était de 31,6 degrés 3 minutes après que je l’ai enfilé.

2. « Dans le cas d’une valeur élevée de la vitesse de rotation – 24 tr/min et au-delà – la vitesse du périmètre est supérieure à 0,7m/sec – dans la direction horizontale. C’est bien trop rapide pour n’importe quel courant d’air induit thermiquement »

Faux ! Une vitesse du périmètre de 0,7m/sec réclame environ 200 tr/min et non 24 tr/min !

3. « Pour certains individus la rotation commence sans les mains. Les résonateurs, ainsi nommés, peuvent être employés à 2-3 mètres de distance »

Quand les effets aérodynamiques ont été éliminés ? Qu’est-ce qu’un « résonateur » ?

« Certains individus sont capables d’arrêter et même de renverser le sens de rotation de la roue avec la même main »

C’est facile à faire – mais pas si les effets aérodynamiques ont été éliminés !

Remarque finale

J’aimerais observer une roue d’Egely qu’on ferait tourner de façon paranormale.

John Rudkin

(Cet article est paru dans le numéro 19 de Paranormal Review, Juillet 2001.

Paranormal Review est une publication de la Society for Psychical Research)